Publié le 7 novembre 2025

La caméra thermique : l’alliée incontournable des expertises en mécanique du bâtiment

Sur une scène d’expertise en génie mécanique, chaque détail compte. Lorsqu’il s’agit de déceler une surchauffe, une perte d’énergie ou un défaut caché, la caméra thermique s’impose comme un instrument de prédilection. Grâce à sa capacité à traduire les variations de température en images précises, elle permet aux experts d’observer l’invisible et de poser un diagnostic éclairé, sans contact direct avec les équipements. Dans cet article, nous reviendrons sur ce qu’est une caméra thermique, sur les principes qui guident son utilisation dans le cadre d’expertises techniques, ainsi que sur quelques exemples concrets illustrant sa valeur sur le terrain.

La caméra thermique est un appareil qui possède un capteur de rayonnement infrarouge qui transforme les données collectées en images thermographiques.

Comparaison d’une même scène captée par une caméra standard et par une caméra thermique
Qu’est-ce que le rayonnement infrarouge ?

Toutes les surfaces en émettent un : Le rayonnement infrarouge est un rayonnement électromagnétique, invisible à l’œil nu et émis par tout corps chaud. Plus le corps est chaud, plus le rayonnement infrarouge est intense. On l’appelle infrarouge puisque son spectre lumineux se situe au-delà du rouge, d’où le nom infrarouge !

L’article de Futura Sciences explique plus en profondeur ce qu’est l’infrarouge si vous souhaitez en apprendre plus à ce sujet.

Dans le cas qui nous intéresse ici, c’est la différence d’intensité de ce rayonnement qui permet à la caméra thermique de visualiser les variations de température. Cet outil de diagnostic non destructif se révèle particulièrement pertinent dans le cadre d’expertises en mécanique du bâtiment. Son efficacité repose sur plusieurs paramètres clés comme l’émissivité des matériaux, la brillance des surfaces, un écart de température suffisant entre l’anomalie et l’environnement pour mettre les défauts en évidence. La juxtaposition des données infrarouges combinée à l’image visible sur la caméra thermique permet de créer une image fusionnée afin de donner des photographies lisibles dont les couleurs facilitent l’interprétation des différentes températures.

Un outil qui prend tout son sens en expertise

Pourquoi la caméra thermique devient-elle particulièrement pertinente dans le domaine de l’après-sinistre ? Parce qu’elle permet une inspection rapide et non destructive, notamment dans des les cas où une source de chaleur ou de froid peut être en cause. Voici quelques exemples d’expertises dans lesquels elle entre en jeu :

  • Évaluer l’intensité des dégâts d’eau (la présence d’humidité modifie notamment la conductivité thermique) ;

  • Définir la proximité d’une zone froide en cas de gel d’une conduite d’eau ;

  • Localiser les infiltrations d’eau (isolation imbibée, ruptures de pare-vapeur) dans les toitures et les murs ;

  • Déterminer la présence de défauts d’isolation (continuité de l’isolant, étanchéité à l’air comme des fuites d’air froid, ponts thermiques, performance de l’isolation d’une conduite, d’un plancher, d’un mur ou d’un plafond) ;

  • Repérer les points chauds ou les reprises de combustion après un incendie ;

  • Identifier les surchauffes anormales (connexions lâches, disjoncteurs sollicités, moteurs endommagés, câblage sous-dimensionné) des composants électriques ;

  • Déterminer les sources de chaleur, notamment dans le cas d’un déclenchement inopiné de gicleur.

Un exemple vaut mille mots

Prenons le cas d’un dégât d’eau. L’humidité laisse souvent des traces plus froides que le reste des surfaces. Cela s’explique simplement : les zones mouillées conduisent la chaleur différemment et l’eau qui s’évapore refroidit le matériau. La thermographie aide alors à délimiter l’étendue et l’intensité des dommages. Un autre cas où la caméra peut s’avérer utile se trouve lorsque des conduites brisent par le gel qui peut être explicable par la présence d’une source d’air froid à proximité. Sur les toitures et les murs, l’imagerie thermique permet de localiser les infiltrations et les ponts thermiques, par exemple lorsque l’isolant est imbibé d’eau ou manquant. Pour ce qui est de l’appareillage électrique, elle met en évidence les températures anormales causées par des connexions lâches, des disjoncteurs sollicités, des moteurs endommagés ou un câblage sous-dimensionné.

Zone froide dans l'enveloppe du bâtiment
Interprétation, limites et valeur ajoutée de la thermographie infrarouge

La méthode a cependant des limites : la caméra ne « voit » pas l’eau en tant que telle, mais plutôt ses effets thermiques. Il peut arriver que des surfaces métalliques ou brillantes renvoient des réflexions trompeuses. L’absence d’un écart de température suffisant est également un enjeu à considérer, car cela peut masquer des défauts. L’analyse est donc avant tout comparative (zones saines versus zones suspectes) et doit être combinée à celle faite à partir d’autres instruments de mesure. Il demeure avant tout nécessaire de posséder une bonne connaissance de l’utilisation de cette technologie.

Les images fusionnées (visibles et infrarouges) sont plus faciles à comprendre pour les intervenants d’un dossier de sinistre (assureurs, sinistrés, entrepreneurs, etc). Somme toute, grâce à la technologie de la thermographie infrarouge, il est possible pour eux de bien comprendre l’étendue des dommages, de limiter les démolitions inutiles et de mesurer la qualité de la remise en état. Bien utilisée et correctement documentée, elle constitue un outil puissant pour accélérer la décision à la suite d’un sinistre, de réduire les coûts et de complémenter les résultats d’une expertise.

Chez Origin, nos experts en mécanique du bâtiment utilisent la thermographie infrarouge pour appuyer leurs constats sur le terrain.

Si vous croyez qu’une telle analyse pourrait bonifier votre dossier, notre équipe peut être mandatée pour intervenir rapidement et avec précision.



À propos

Robin Girard ing.
Expert en génie mécanique
Ayant fait ses études à l’Université du Québec à Trois-Rivières en génie mécanique, Robin a d’abord exercé des fonctions de chargé de projet et en recherche de développement avant de faire le saut en investigation après-sinistre.Issu d’un parcours atypique comme technicien en génie mécanique avant de devenir ingénieur, il s’est forgé une approche profondément orientée vers le concret et la pratique.